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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 10:07

(Premier chapitre d'un feuilleton, voir la page  Le feuilleton de Science-Fiction  )


             Les immenses chantiers lunaires se profilèrent au-dessus de l’horizon cendré du satellite terrestre. Ils couvraient le quart de la surface de la face visible de la Lune. Le monorail à grande vitesse qui menait les nouveaux équipages de la base Armstrong-Aldrin aux chantiers filait à moitié enterré dans le sol. Christopher Coast n’avait d’yeux que pour les magnifiques mastodontes en construction. Quatre venaient d’être achevés dont le tout dernier de la génération Zeus qui, titanesque, projetait son ombre sur le sol mort de l’astre lunaire. On pouvait le voir de la terre à l’œil nu. Les officiers frais émoulus de l’Ecole Spatiale de Norfolk chahutèrent celui qui aurait l’infime honneur de commander ce petit bijou de technologie. Christopher adressa un sourire au pacha, une jeune femme du Bloc africain. Il était un peu jaloux. Les cinq meilleurs élèves officiers commanderaient des unités de combat. Les autres, fourniraient le vivier des commandants de navires cargos, de frégates diverses, et bien sûr les postes d’officiers de ponts. Christopher n’avait pas terminé dans les cinq premiers de sa promotion. Ni dans la liste des officiers supérieurs, et encore moins dans celle des officiers tout court. Il portait l’uniforme de la spatiale, avec le grade de Commandant… Un mystère pour les autres. Son classement n’avait jamais été communiqué. Christopher lui, savait. Un sourire illumina son visage quand soudain, surgissant de nulle part, le C-1, tous moteurs rugissants, entouré de son escorte de chasseurs passa en trombe au-dessus du monorail. Le compartiment parti d’un tonnerre d’applaudissements, de cris et sifflements divers pour le fleuron de la technologie terrienne. Christopher le suivit du regard. Il était le commandant d’un des deux prototypes C-1, plus connu sous le nom donné par les médias, le Corsaire. C’est à lui que revenait la lourde charge de lui trouver un nom de guerre. Il se frotta le bouc roux qui ornait depuis peu son menton. Il aurait voulu commander le Zeus, mais la perspective de composer lui-même son équipage et de piloter un prototype aussi révolutionnaire l’avait fait succomber. Il se tourna vers les trois autres commandants sans se mêler à la conversation. Ils menaient déjà une rude négociation pour le choix des officiers de pont qu’ils désiraient. C’était une vaine discussion car seul le commandant Coast aurait la possibilité de choisir. Il reporta son attention sur les jeunes officiers. Tous voulaient servir sur le Zeus ou le Corsaire, aucun sur les navires d’escortes, les lourds Galions, de véritables places fortes volantes. Coast sentit encore ce sentiment de malaise l’envahir. Il était apparu quelques années auparavant, quand la Menace devint si évidente que la guerre s’avérait inéluctable. Le conflit ne semblait pas soucier outre mesure les états-majors terriens. Depuis plus de cinq ans que durait le statu-quo, on ne voyait vraiment pas ce qui ferait changer les choses. Pas les terriens en tout cas, craignant d’affronter une force à la technologie et armement supérieurs à celui de la Terre. Christopher observa les femmes et les hommes autour de lui : des jeunes. Tous appartenaient à la même génération. La Génération Perdue comme les médias les surnommaient depuis que l’évidence de leur incapacité à se reproduire s’était confirmée. Heureusement, une autre génération naquit, féconde elle. On ne sacrifirait pas ceux qui portaient la survie de la race humaine en eux. Par contre, les Perdus… Leur sacrifice ne posait pas le moindre problème à quiconque… Le jeune commandant se concentra dans la lecture des fichiers à l’intérieur desquels il pouvait piocher son équipage. Il fut étonné d’avoir accès à autant de bons éléments. Il reconnut des noms d’amis. Il en cocha mentalement certains. Le tube ralenti sa course. Les portes s’ouvrirent dans un chuintement presque inaudible. La gravité artificielle, résultat d’une grosse erreur de confection du bâtiment, devenu dès lors la règle de construction, ne suscitait plus la moindre remarque ébahie. Ceux qui n’avaient pas foulé le sol lunaire en scaphandre ne pouvaient pas imaginer la faible gravité qui régnait sur l’astre lunaire. William resta songeur en apercevant les ouvriers à l’extérieur virevoltant habillement au-dessus de la surface grisâtre de l’astre lunaire. D’ici peu il rejoindrait le vaisseau qu’il ne quitterait que lors de la prochaine permission, dans plus d’un an de cela.


L’officier de pont donna l’ordre de débarquement et les officiers s’égaillèrent dans la base. Christopher dirigea ses pas vers le bureau de la flotte et déposa sa liste d’équipage. Il déambula une petite heure dans les échoppes de la base. Les civils ne constituaient pas la partie la plus nombreuse des lieux. Des militaires de toutes armes et de tous pays circulaient. Les diverses langues se mélangeaient mais l’anglais restait la langue de référence. Il entra dans un magasin d’alcool et s’acheta une bouteille de whisky, du vrai, pas cette reconstitution moléculaire que l’on buvait maintenant dans les troquets de l’armée. En chemin pour la baie du C-1, sa route croisa celle du brillant Hancok. Tous sur Terre le connaissait. Aussi brillant que discret, Hancok représentait le malheur de toute une génération. Le syndrome Hancok… Le syndrome inexplicable qui frappait d’infertilité. Il avait été le premier diagnostiqué… L’homme observait la progression d’un cargo de ravitaillement, escorté de deux Poux, ces minuscules mais solides tracteurs des cieux. Les mains derrière le dos, il se mordait la lèvre inférieure, absorbé dans ses pensées. Christopher remarqua aussitôt l’uniforme du scientifique. Le savant avait pris du galon et du service actif.


           
-Mon Colonel, bonjour, commença-t-il en s’arrêtant à son niveau.

            -Mmm ? Oh ! Commandant Coast, n’est-ce pas ? En fait j’espérais te croiser avant que tu ne t’enfermes dans ta boîte de conserve !

            Coast tiqua un peu au tutoiement mais ne laissa rien paraître.

-Oui, je suis Christopher Coast de…

            -Oui, oui, bien… Tiens, voici les dernières modifications faites aux C-1. Bien, j’espère que tout ira bien pour toi, dit Hancok en lui tendant un bloc de données.

            -Vous… Ainsi donc les rumeurs étaient justifiées, vous êtes…

            -… l’un des concepteurs du C-1. Oui. Mais bon, je ne suis pas seul sur le projet hein… Allez, bon vent et pousse le C-1 à son maximum !

            Sans attendre de réponse ni de salut le colonel s’en fut. Coast sourit. Il se dirigea lentement vers la baie du C-1.

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commentaires

R
<br /> Vous nous partager votre passion, vous plaigniez pas hein :P Vive la lecture!!<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Bonsoir :)<br /> <br /> Je vais commencer a lire votre histoire qui s'annonce dés le sypnosis.. au paroxysme de l'aventure et de son originalité ! :D<br /> <br /> Je vous redis quoi !<br /> <br /> <br />
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I
<br /> Merci bien ! Je vais penser à mettre la page à jour tiens... Car il y en a 7 de chapitres... et aussi mettre en ligne les autres chapitres... rhaaa mais vous allez me faire bosser vous autres à<br /> lire comme ça ! <br /> <br /> <br />